Las dos muertes de un tirano
Texto de la primera página
20 de agostoLA SEÑORA, que es como los aduladores que nos rodean llaman siempre a mi mujer, se comporta en todo momento con la mayor discreción. Creo que ella fue la primera en darse cuenta de hasta qué punto era yo distinto del Guía, como aquí llaman al dictador, y, sin embargo, nunca lo ha hecho notar. Nunca me ha contrariado. Nunca me ha molestado para nada. Se mantiene a una cierta distancia y, aunque hace todo lo posible para que los hijos que tuvo de Tomás Dosantos no me miren como a un extraño, ella me evita.
Yo encuentro su compañía agradable y creo que es la única persona de mi entorno con quien podría de verdad comunicarme, pero respeto la actitud que se ha impuesto y, aparte de las ocasiones en que tenemos que mostrarnos juntos ante los demás, nunca le pido que esté a mi lado. Dormimos en habitaciones separadas y, aunque la puerta que las comunica no se cierra con llave ni cerrojo, ni ella ni yo hemos intentado nunca abrirla.
Me doy cuenta de que ella a menudo me observa con una mezcla de ternura, sin duda provocada por recuerdos, y de aprensión ante el que no puede por me-
Texto de la primera página de la edición francesa
20 août"La Señora", c'est ainsi que les courtisans de mon entourage appellent toujours ma fenime. "La Señora" se comporte en tous moments avec la plus grande discrétion. Je crois que c'est elle qui, la première, a réalisé á quel point j'étais différent du Guide, comme on nomme ici le dictateur, et pourtant elle n'en a jamais rien laisse' paraître. Jamais elle ne m'a contrarié. Jamais elle ne m'a dérangé, en rien. Elle reste a une certaine distance et, bien qu'elle fasse tout son possible pour que les enfants qu'elle a eus de Tomás Dosantos ne me considèrent pas comme un étranger, elle m'évite.
Moi, je trouve sa compagnie agréable et je crois qu'elle est la seule personne de mon entourage avec qui je pourrais communiquer véritablement, mais je respecte l'attitude qu'elle s'est imposée et, en dehors des occasions où nous devons nous montrer ensemble devant les autres, je ne lui demande jamais de rester près de moi. Nous faisons chambre a' part et, bien que la porte qui nous sépare n'ait pas de clef ni de verrou, ni elle ni moi n'avons jamais essayé de l'ouvrir.
Je sens bien que, souvent, elle m'observe avec une sorte de mélange de tendresse, sans doute provoquée par des souvenirs, et d'appréhension devant celui en qui elle ne peut voir qu'un intrus. Un intrus, c'est, bien malgré moi, ce que je suis maintenant, ici.
Hier je me suis arrangé pour qu'on m'apporte de vieux journaux et, dans l'un d'eux, j'ai pu lire l'annonce de ma mort. Le journal était presque entièrement consacré à relater l'attentat dans lequel le dictateur avait été blessé. On y lisait les messages, venus de tout le pays, formulant des vœux pour son prompt rétablissement. Et, dans un petit article perdu dans un bas de page, il était dit que 1'Ofl m' avait découvert inanimé, les veines ouvertes, dans une chambre de l'Hôtel Central. Que l'on m'avait conduit â l'hôpital le 26 mars et que j'y avais succombé, peu après...
Pour hachette c'est oubre: Le Libraire
Texto de la contraportada de la edición española
Juan Pablo Ortega, nacido en El Espinar (Segovia), estudió Filosofía y Letras en Madrid, y ha sido profesor de la Universidad de Dijon, en Francia, y de Colby, Vassar y Middelbury Colleges, en Estados Unidos. Es en la actualidad profesor agregado de inglés en un instituto de Madrid. Ha colaborado en diversos periódicos y revistas en España y el extranjero, y es autor de la novela Olimpo, siglo XX (1957), de los Cuentos de Morir (1967), Cuentos de la nube rosa (1969) - Premio Doncel de Cuentos Infantiles-, Los americanos en América (1970) y Los terrícolas (1976). En 1973 estuvo entre los finalistas del Planeta con su novela Los marrajos. Ha cultivado preferentemente el humor y el relato corto. Esta novela, en una senda muy distinta de la de sus obras anteriores, ha sido galardonada como la obra de mayor interés cinematográfico en el Premio Planeta 1982.